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Relations matrimoniales

Traditionnellement, sur la Grande Terre et aux îles Belep et des Pins, les clans constituent, avant l’arrivée des Européens, des entités autonomes, très représentatifs de la chefferie clanique du monde mélanésien, et pouvant contrôler des espaces très larges, regroupant plusieurs villages. Les clans font partie à leur tour d’ensembles régionaux, c’est-à-dire de clans partageant des territoires particulièrement proches au point de s’imbriquer les uns aux autres, et culturels communs, avec des structures sociales communes.  La hiérarchie politique y étant faiblement développée, voire totalement absente, les structures sociales sont généralement fluides et particulièrement mobiles, avec des clans qui sont dits « migrateurs », les individus ne résidant pas aux mêmes endroits dans le temps et en fonction des saisons et migrant régulièrement entre les différents clans (nécessitant à chaque fois, des cérémonies d’accueil).  L’un des « pays » les plus étudiés pour l’ensemble de ces aspects fut le pays paîci, de Maurice Leenhardt à Alban Bensa et Jean-Claude Rivierre11. Ce pays est alors structuré, au niveau régional, par ses relations matrimoniales entre deux groupes partageant le même ancêtre commun mythique. En revanche, d’autres régions, dont le modèle semble être le pays Hoot Ma Waap, voient leurs relations entre clans conditionnées par la présence de deux sociétés locales distinctes en fonction d’un rapport d’ancienneté entre la première société qui, selon l’histoire orale, ce serait installée sur le territoire, et les suivantes (dans le pays Hoot Ma Waap, lesHoot seraient ainsi les premiers, et les Waap les seconds)12.   Néanmoins, l’organisation clanique est légèrement différente aux Îles Loyauté : là, déjà avant l’arrivée des Européens, les clans sont généralement fédérés au sein d’une entité plus large organisée sur le plan politique, des « grandes chefferies » ou districts coutumiers qui s’apparentent déjà plus au système de la royauté polynésienne. Cette particularité est certainement due aux importantes migrations polynésiennes qu’ont connues les Loyauté par le passé, comme en témoigne la présence à Ouvéa d’une langue polynésienne, le faga uvea. On voit alors apparaître une hiérarchisation et une spécialisation des clans en fonction des attributions qui leur sont confiées au sein de la grande chefferie : il existe ainsi des clans des propriétaires fonciers, de la mer (regroupant les pêcheurs), de la magie, guerrier, notamment. Le grand-chef symbolise le district et assure la cohésion sociale et à ce titre, il est respecté et adulé par la population du district.  ban wayfarer Il est la référence, le chef des hommes et de la terre et tranche, en dernier ressort, en cas de litiges, tandis que les chefs de clan lui doivent obéissance et respect. L’organisation clanique repose également sur une forte différenciation sexuelle : les hommes exercent les responsabilités sociales et publiques, comme la conclusion des alliances, la gestion des relations sociales et de la vie publique, et doivent s’assurer de la pérennité sociale du clan.  Ils sont au service de la communauté et pris en charge par elle, et s’assure de l’approvisionnement en ressources alimentaires et vitales de la communauté, dont la responsabilité de la culture de l’igname, objet d’échanges sociaux coutumiers. Les jeunes, après l’adolescence, sont placés dans un endroit distinct où ils vivent en commun pour recevoir une éducation aux responsabilités sociales et claniques. Les femmes, quant à elles, sont responsables de tout ce qui se rapporte à la vie et à l’intimité familiale comme les travaux quotidiens et ménagers du foyer et de l’intendance familiale, ou encore la reproduction des membres du clan.

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